samedi 20 avril 2024

Le Réseau Corneille, Ken Follett

 Je vous présente, une fois de plus, un compte-rendu retrouvé dans mes archives. Ne vous inquiétez pas, de nouveaux billets sont à venir bientôt concernant mes dernières lectures. 

Avis (Lu il y a un bout) 

Lors de la deuxième guerre mondiale, pendant une mission visant à faire exploser un poste de communication allemand à Reims en France, des membres de la résistance sont arrêtés et d'autres tués. C'est un échec. Donc, l'une des têtes dirigeantes, Betty Clairet, n'a d'autre choix que de recruter d'autres «volontaires» afin d'aller terminer le travail car l'avenir de l'Europe dépend de la réussite de cette mission.   

Quelques temps plus tard elle revient en France avec une nouvelle équipe mais exclusivement féminine: une riche aristocrate, une meurtrière, une travestie, une mythomane et une perceuse de coffre, bref, six femmes de différents milieux mais sans contre dit hors du commun. 

De très beaux personnages en Betty et «ses filles» et même le terrible Dieter. Outre ces personnages l’auteur n’a pas hésité à intégrer à son intrigue d’autres protagonistes essentiels à l’histoire et j’ai bien aimé cette façon de faire. Comme un petit ajout à la véracité des faits amenés.  

Un roman passionnant malgré quelques petites invraisemblables mais bon ce n’est pas grand-chose car le suspense et l’action bien rythmés ainsi que d’intéressants rebondissements font en sorte qu’on ne s’ennuie aucunement au fil des pages.  

Ce récit mélangeant une partie de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale et le roman d’espionnage, est intéressant et très fort en émotions. En effet, certains détails sont durs à lire comme par exemple : les scènes d’interrogatoires de la Gestapo. Ouf! Difficiles ces passages mais ils se doivent d’être connus afin que ces horreurs ne se reproduisent plus; c’est notre devoir de mémoire.  

Bien que Le Réseau Corneille soit en partie romancé, Ken Follet, de main de maître, respecte le contexte historique de l’époque. Finalement, l’auteur, avec brio, rend un très bel hommage aux femmes et aux hommes de la résistance qui sont morts pour sauver le monde de la cruauté hitlérienne.  À découvrir.

Le Réseau Corneille: Ken Follett 

Robert Laffont 2002

samedi 13 avril 2024

Ma vie en 3 actes: Janette Bertrand

 

Libre expression, 2004, réédition, 2023

 […] L'héroïne est une petite fille née à Montréal, en 1925, aux abords du « faubourg à m'lass », dont le passe-temps favori est de regarder passer le monde devant chez elle. Adolescente, elle rêve d'être grand reporter plutôt que ménagère, mais comment y arriver alors que la société dans laquelle elle se débat est taillée sur mesure pour et par les hommes ? L'amour vient la sauver de la maladie puis la précipite dans une carrière d'auteure dont elle ne peut soupçonner toute la richesse alors qu'elle écrit ses premiers sketches pour la radio et ses premières dramatiques. […] Son « roman de vie », Janette Bertrand nous l'offre avec une générosité qui l'honore : c'est son coeur qu'elle nous ouvre. 

Mon avis (Lu il y a un bout)
Elle n'a jamais été aimée de sa mère. Ses frères prenaient toute la place car, dans son temps, (les années d’avant et après la deuxième Grande Guerre), les filles n'étaient là que pour aider à la maison, se trouver un bon mari et faire de nombreux enfants. Janette nous apprend énormément sur son enfance et son adolescence dans l'Outremont de Montréal. Elle nous fait aussi découvrir le cheminement d'une femme dans les années difficiles d'avant et l'après deuxième grande guerre. Madame Bertrand nous dévoile sa vie amoureuse avec Jean Lajeunesse et nous apprend comment celui-ci avait et prenait tout le crédit de l'écriture de Janette.

J’ai beaucoup aimé cette autobiographie parce qu’écrite tout simplement, comme si l’auteure s’adressait personnellement à chacun/chacune d’entre nous. Comme si elle se confiait à ses ami.es au bout d’une table, devant un café.
 

C’est une bonne partie de sa vie qu’elle nous raconte mais surtout elle nous offre l’histoire des femmes de son enfance jusqu’à aujourd’hui en nous détaillant leurs luttes, leurs peines, leurs défis et leurs victoires sur nombre de tabous et obstacles qu’elles ont dû combattre dans le temps et même encore aujourd’hui malheureusement. En parcourant les pages on se rend compte du courage, de la générosité et de la détermination chez madame Bertrand. 

Ma vie en trois actes est une lecture que je recommande non seulement à ceux et celles qui ont suivi la carrière de Janette Bertrand mais aussi aux plus jeunes qui ne connaissent pas ou très peu cette femme d’exception qui, avec ses qualités et ses défauts, a fait énormément pour le Québec, pour les québécoises et ce avec passion et authenticité. 

Ma vie en 3 actes: Janette Bertrand

Libre Expressions 2004, Nouvelle édition, 2023



jeudi 11 avril 2024

Hélène de Champlain : Nicole Fyfe-Martel

 

Manchon et dentelle (Tome 1)

Dans une France déchirée par les guerres de religion qui conduisent à l’assassinat d’Henri IV, Hélène vit ses premiers émois amoureux. La si jolie fille de Nicolas Boullé, secrétaire du Roi de France, court dans la campagne normande à la découverte de son Ludovic, un jeune apprenti pelletier. Le bonheur est là simple et tranquille.  Mais elle apprend tout à coup qu’on la marie à un grand explorateur de l’Amérique, qui a plus de quarante ans![...] C’est l’époque où l’Amérique fait rêver plus que jamais l’Europe. Québec n’a que deux ans, mais les fascinantes fourrures de la Nouvelle-France glissent déjà sur les dentelles de la doulce France. 


Mon avis (Lu il y a un bon bout)

Celui-ci sera bref car je vous parlerai plus longuement de cette trilogie lorsque j'aurai tourné la dernière page. Ce premier tome nous présente cette jeune Hélène, 12 ans à peine, qui deviendra, par la force des choses, dame Samuel de Champlain. (Ces unions se faisaient à cette époque par la famille et pour des raisons financières et politiques). Mais les longues absences de monsieur de Champlain et la fougueuse jeunesse d'Hélène lui ont fait rencontrer l'amour de sa vie: Ludovic. Contre cette relation, les parents d'Hélène l'enverront en Nouvelle-France pour retrouver son époux.
Manchon et dentelle c'est l'histoire romancée de cette jeune dame et de son amour interdit envers Ludovic mais c'est aussi celle de la découverte de Québec et les ennuis et combats de Samuel de Champlain.
L'écriture est belle, l'histoire est facile à lire et se suit très bien. Je vais donc poursuivre avec le tome deux et vous reviendrai très vite car je suis dans le dernier droit.
 

L’érable rouge (tome 2)

En proie à une étrange dépression depuis son retour forcé en France, Hélène de Champlain choisit de relater son voyage en Amérique, qui se déroule de 1620 à 1624, dans un cahier secret. Revivant en pensées et en écriture les moments forts de son long périple, elle raconte la difficile traversée, la rencontre avec les peuplades amérindiennes, la vie avec les colons et la découverte de la nature chatoyante de ce pays, nouvelle terre de ses amours avec Ludovic Ferras, à l'abri des regards de son époux, Samuel de Champlain.  […]

Petit avis (Lu il y a un bon bout)
Tout comme pour le premier tome, mon avis sera bref en attente de la fin de la trilogie. Le déroulement de ce deuxième opus nous est présenté en premier lieu par les écrits d’Hélène puis on la retrouve en Nouvelle-France. Une bonne histoire mais des longueurs comme d’habitude à chaque deuxième tome de ce genre de lecture. Est-ce une mode? Enfin passons.
Au fil des souvenirs d’Hélène nous parcourons ce nouveau pays au début des années 1600 (1620-1634 plus précisément) avec plusieurs faits historiques comme les guerres de religion à cette époque trouble, régences monarchiques, colonisation de l’Amérique et surtout l’inadmissible soumission des femmes et filles dues à la trop malsaine puissance des hommes. Ce deuxième tome, malgré quelques passages trop longs, est intéressant et bien écrit; tout comme le premier tome. Je poursuis donc ma route et m’attaque maintenant à l’ultime volume de cette saga historique.
 

Gracias a Dios (Tome 3)

[…] Approchant maintenant la quarantaine, l’ardente Hélène se livre toujours dans son cahier secret, ravivant encore avec nostalgie une Nouvelle-France forte de la présence de Ludovic, son éternel amour, mais aussi de celle de son mari, qu’elle n’a pas revu depuis sa dernière traversée vers la colonie. Autour d’elle, tous s’ébroue et se bouscule […] Ces tiraillements incessants, entre 1635 et 1638, bouleversent à la fois son pays et sa famille, et l’enjoignent à poursuivre le combat malgré les revers et les déceptions.


Mon avis final (Lu il y a un bon bout)

Ah belle Hélène avec ses passions, ses entêtements, ses espoirs et ses déceptions. Madame de Champlain vu et présentée avec tous ses défauts et qualités avec, en prime, une très belle histoire et des faits véridiques. Avec cette saga historique l’auteure nous entraîne dans le monde très austère d’une société pieuse à l’extrême où les femmes n’étaient que peu de chose et n’étaient là que pour enfanter et servir l’homme.  

Hélène, 12 ans, mariée à Samuel de Champlain pour une dot, devra se battre contre vent et marées pour pouvoir aimer son Ludovic…. Hélène, belle Hélène avec qui on se bat, on prie, on rit et on pleure car on aime ce personnage, très attachant d’ailleurs et on n’y échappe pas. 

Cette saga est bien écrite et nous est présentée simplement sans exagération, sans grands éclats et de manière érudite. Nul doute que l’auteure a fait un travail de recherche inouï pour nous concocter ce roman. (Les sources et références biographiques à la fin nous le confirment). Par contre, un petit bémol, certains personnages semblent peu invraisemblables mais ce n’est pas bien grave car ces trois tomes sont intéressants à parcourir et quelques petites coquineries de la part de l’auteure m’ont arrachés de petits sourires et ça fait du bien, c’est tout.

Je n’ai pas l’intention de vous décrire cette saga au complet car j’en aurais pour un sacré bout. Mais, je peux vous dire que j’ai passé d’excellents moments en compagnie de l’héroïne de cette histoire, et que malgré quelques passages un peu tirés par les cheveux, je ressors de cette lecture satisfaite et j’oserais même recommander aux amateurs(es) de ce genre littéraire de prendre vraiment le temps de parcourir cette saga historique.

Extraits

Chacun a sa place en ce monde, les nobles comme les paysans. Quelquefois, notre place ne nous convient pas totalement. Elle contrarie notre nature, nous coince, nous empêche d'être ce qu'on est vraiment. C'est trop souvent le lot des femmes, hélas! (Tiré du T1)  

Ma vie est tissée d'égoïsme. Je vis ici, confortablement installée dans mon logis, n'espérant que mon prochain retour en Nouvelle-France, alors que la misère est partout. Richelieu et son conseil n'en finissent plus d'augmenter les taxes et les charges pour couvrir le coût de la guerre. Résultat, les bourgeois s'enrichissent et les pauvres gens souffrent de plus en plus. Mendiants, enfants abandonnés, veuves éplorées et filles perdues errent dans les villes et les campagnes. La pauvreté avilie, la pauvreté tue corps et âme. Il y a tant à faire ici-bas! (Tiré du t3)

Hélène de Champlain : Nicole Fyfe-Martel
(Tome 1, 2 et 3) 
Éditeur : Hurtubise 2003, 2005, 2007 

Hélène de Champlain,1620 (toile d'Adam Sherriff Scott)



dimanche 7 avril 2024

Holly, Stephen King

 

À chaque sortie d’un livre de Stephen King, je suis au rendez-vous avec toujours cette hâte d’y plonger le nez. Donc pas besoin de vous dire que dès réception d’Holly, j’ai tout lâché de mes occupations et me suis installée bien confortablement pour ce nouveau rendez-vous avec les mots de King.

Depuis que je lis cet auteur, j’ai toujours apprécié qu’il nous offre des personnages uniques et majoritairement attachants. Dans ce dernier roman, il ne déroge pas à ses habitudes en nous permettant de suivre Holly qui avait déjà fait son entrée dans le cadre de la trilogie Billie Hodges (Mr. Mercedes, Carnets noirs et Fin de ronde) passant d’une jeune fille timide, introvertie et différente, n’ayant aucune confiance en elle à une détective privée intelligente et prenant de plus en plus sa place dans L'Outsider et le recueil Si ça saigne.

Dans cette histoire Holly, endeuillée de sa mère, se retrouve seule à l’agence Finders Keepers car son partenaire Pete, atteint de la Covid, est vraiment mal en point.  Fatiguée et plus que jamais émotive, elle décide de prendre congé quelque temps du boulot. Mais c’est sans compter sur l’insistance de Penny Dahl qui appelle sans arrêt l’agence dans le but d’obtenir de l’aide suite à la disparition de sa filler Bonnie.  Bien que réticente à prendre une nouvelle affaire, Holly va finalement accepter d’aider cette mère éplorée à retrouver sa fille.

Commence alors le jeu du chat et de la souris entre une disparition d’avant à une autre plus récente. Voilà notre héroïne prise dans un engrenage plus que mystérieux. Au fil des recherches de Holly s’intègre l’abject parcours d’un couple de professeurs semi-retraités Rodney et Emily Harris. Deux êtres unis par le mariage depuis nombre d’années, couple très apprécié de la communauté mais qui s’avèreront être des psychopathes de la pire espèce.  Petit à petit d’autres histoires vont s’entremêler à l’intrigue et Holly va devoir faire preuve d’une volonté et d’un courage hors pair pour venir à bout de cette difficile enquête.


« Quand tout cela sera terminé, personne ne croira que c’est vraiment arrivé. Ou s’ils le font, ils ne comprendront pas comment c’est arrivé. »

Sacré conteur que ce King. Avec Holly, il ne rate pas son coup et nous embarque dans une intrigue très bien amenée. Je ne vous cacherai pas que j’ai eu bien du plaisir à parcourir cette lecture. Et, malgré quelques petites longueurs, j’avoue que nous permettre enfin d’offrir le haut du pavé à ce personnage très intéressant qu’est Holly Gibney vaut, à lui seul, une excellente raison de lire cet écrit du maître King.

N.B. Bien que le personnage de Holly Gibney ait fait ses premiers pas dans des romans antérieurs à celui-ci, Holly peut se lire de façon indépendante.

Holly, Stephen King

Albin Michel, 2024, traduction : Jean Esch


Autres romans de l'auteur sur le blogue:  22/11/63 - Ça - Cycle de La Tour sombre - Dôme -Duma Key - Joyland - L'Institut - L'Outsider - La ligne verte - Le bazar des mauvais rêves - Trilogie Billy Hodges Mr Mercedes t1- Carnets noirs t2- Nuit noire, étoiles mortes - Rose Madder - Running man

samedi 30 mars 2024

Moka, Tatiana De Rosnay

 

Justine a 40 ans, un mari britannique, Andrew, et deux enfants. Elle travaille en tant que traductrice free-lance et mène une petite vie tranquille. Mais un mercredi après-midi, tout va basculer. Son fils adolescent est renversé par un chauffard en plein Paris. L'inconnu prend la fuite, des témoins ont à peine le temps de noter quelques chiffres de la plaque d'immatriculation. Sérieusement blessé, Malcolm sombre dans le coma. L'enquête piétine. Justine et Andrew, sous le choc, s'enlisent dans la rancoeur, l'incompréhension. Leur couple se fragilise. Contre l'avis de son mari, de ses parents, Justine ne renonce pas à retrouver le responsable de l'accident. […]


Mon avis (Lu il y a un bon bout)

 Comment je réagirais face au drame de voir mon enfant dans le coma? À quoi je penserais ou quelles terribles envies j’aurais face à ce chauffard qui l’a renversé et qui a pris la fuite? Chose certaine, j’aurais sûrement les mêmes envies que notre héroïne : faire ma propre enquête et partir à la recherche de cet ignoble individu.

 J’ai dévoré ce livre de la première à la dernière page. J’ai suivi Justine dans sa rage, son désespoir, dans sa presque folie et ses souvenirs.  Suite à cette dure épreuve, des émotions à fleur de peau. Bouleversant. 

« Comment les gens faisaient-ils pour tourner la page ? Les gens qui vivaient un malheur ? Les gens qui connaissaient le pire ? Comment faisaient-ils ? Peut-être qu'ils ne tournaient jamais la page. Peut-être que ces pages-là, les plus lourdes, les plus terribles, on ne les tournait pas. On devait apprendre à vivre avec. Comment ? » 

  Et j’ai pleuré avec elle sur son incompréhension et son impuissance face à un tel évènement. Puis j’ai souris, j’ai applaudi aussi à son courage et sa détermination car Justine a une volonté de fer au travers son immense chagrin et sur celui de ses proches. Car autour d’elle il a son autre enfant, sa fille, son mari, ses ami.es et chacun, chacune est affecté par ce drame. Tout s’emmêle pour Justine, peine, impuissance, colère et ce désir de vouloir connaître la vérité.

 Un excellent bouquin écrit d’une main tantôt rageuse, tantôt douce mais déterminée tout comme son personnage qui va se rendre jusqu’au bout de cette quête. Un très bon thriller psychologique qui laisse aussi une grande part à l’espoir. Un roman que je n’ai pas lâché avant d’avoir tourné la dernière page.    

Moka : Tatiana De Rosnay
Plon, 2006

Autre roman de l'auteure sur le blogue:  Elle s'appelait Sarah

jeudi 21 mars 2024

Duchess, Chris Whitaker

 


« Depuis quand tu veux être comme les autres ? Tu es une hors-la-loi. »

 Duchess a peine âgée de 13 ans, adolescente devenue adulte bien avant son heure n’a qu’un but, protéger son petit frère Robin des affres de la vie car leur mère alcoolique a, depuis un sacré bout, abandonné son côté maternelle. Alors, Duchess prend son rôle au sérieux et ne va croire qu’en elle-même pour défendre son frérot. Et laissez-moi vous dire que cette jeune fille ne s’en laissera pas imposer et va devenir de plus en plus effrontée, antisociale, se refusant à toutes attaches amicales et croyant que personne ne pourrait comprendre elle va se rebeller de plus en plus. Elle en a trop vu et vécu pour se laisser amadouer et va cacher ses propres blessures pour protéger Robin.

Ce préambule est loin de rendre justice à la beauté de ce roman. Une histoire qui se découvre doucement, page après page, aux côtés non seulement de notre héroïne, mais aussi en suivant le parcours de personnages, certains douteux, mais majoritairement attachants comme le petit frère, Hal le grand-père ou encore Walk dont la fidélité n’a pas son pareil.

J’ai savouré ce bouquin malgré l’attitude parfois très irritante de Duchess qui n’hésite en aucun temps à envoyer promener tout le monde. Dans le fond, la jeune fille cache bien son jeu car, sous ses airs renfrognés, on découvre tranquillement sa sensibilité et son envie d’être comprise et aimée.

Une très belle histoire et je n’hésite aucunement à vous en conseiller la lecture. Un récit au suspens intriguant, riche en émotions et fort bien raconté par un auteur que je vais suivre avec intérêt. Bref, une lecture incontournable.  


Duchess, Chris Whitaker

Sonatine 2022, traduit par Julie Sibony.

 


mercredi 13 mars 2024

Une belle mort, Gil Courtemanche

 

Noël. Le repas du réveillon. Toute la famille est réunie autour du père et de la mère. Hier encore figure imposante qui terrorisait ses enfants, le père, victime du parkinson rigide, est aujourd’hui prisonnier de son corps. Les paroles qui résonnent dans sa tête n’arrivent plus à franchir ses lèvres. Les mouvements qu’il veut faire le trahissent. André, l’aîné de la famille, approche la soixantaine. Il n’a jamais aimé son père, celui-ci ayant trop abusé de son pouvoir, trop menti, trop manipulé ses proches pour sauvegarder son image de toute puissance. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’être profondément touché en étant le témoin de la déchéance de cet homme. Que faire quand on est en présence de quelqu’un à qui désormais tous les plaisirs sont interdits ? Faut-il prolonger sa vie, ou plutôt l’aider à l’abréger ? Autour de la table, les avis sont partagés.
 

Mon Avis (Lu il y a un bout)

Ah bonté quel livre! Mais aussi quelle difficile lecture tellement elle accroche et grafigne le cœur à plusieurs reprises. Et que d’émotions! Tantôt de joie, tantôt de colère et d’incompréhension car le thème principal est irritant; la maladie, l’incurable, celle qui fait peur et qui fait mal parce que l’on doit décider ou laisser faire, celle qui divise en deux clans une famille dont les liens déjà fragiles, s’étiolent de plus en plus.


Autour de la table, un certain soir où on est supposé s’amuser, on règle des comptes autant avec ce père autoritaire et très malade qu’entre frères et sœurs. Tout ça devant la mère, l’épouse qui, comme toujours, essaie de sauver le peu de ce qui reste de la famille.
Et pour comble de malheur ce mari, ce père qui n’en fût pas vraiment un. Ce vieil homme atteint de Parkinson qui s’empiffre comme toujours et qui ne veut rien savoir d’avoir de l’aide mais qui est devenu, bien malgré lui, l’enfant de sa femme et un fardeau pour certains de ses enfants. Triste vraiment!


Une belle mort nous emmène à réfléchir sur nos propres valeurs face à la maladie, la vie, la mort, face à l’amour filial. Quelle attitude avoir et quelle décision prendre face à de tels dilemmes?

J'ai beaucoup aimé ce livre écrit en toute humilité, respect et humanité. Courtemanche a une plume belle et la sensibilité de l’écrivain transcende à chaque ligne. À lire sans hésitation.

« La mort, on le souhaitait, viendrait comme un voleur. Malheureusement pour lui, pour maman et un peu pour nous, le voleur n'est pas reparti avec son butin, il a préféré s'installer dans la maison. »


Une belle mort: Gil Courtemanche, Boréal 2005

 Autres romans de l'auteur sur le blogue: Je ne veux pas mourir seul - Le monde, le lézard et moi